Baromètre 2018 Village by CA x bluenove: "les grands groupes ont envie d’aller encore plus vite"
Le Village by CA Paris : Cette année la création de valeur comme élément de mesure de la relation start-up grand groupe a été choisie. Est-ce que la phase d’observation est terminée ?
Martin Duval : Je pense qu’elle n’est pas terminée pour tous parce que parmi les grands groupes il y a des niveaux de maturité différents. Il y a encore des progrès à faire, mais il y a des entreprises qui sont prêtes à rentrer dans la phase d’après, et qui par conséquent ont de fortes attentes, de l’exigence sur la valeur créée. Ce n’est pas terminé, mais c’est bien engagé.
Fabrice Marsella : Même si les indicateurs montrent que l’image est importante dans le fait de travailler avec des start-up côté grands groupes, on a voulu montrer à travers ce baromètre que l’idée de la création de valeur recherchée par les uns et les autres ne vise pas uniquement les enjeux de communication. Il y a de la volonté et des intérêts communs à travailler ensemble, de la bienveillance aussi.
MD : Avant il y a avait une équipe innovation dans un grand groupe qui apprenait à travailler avec la start-up. Aujourd’hui, d’autres équipes ont pris le relais, comme les directions achats, qui se sont appropriées ces enjeux. Le témoignage de Charlotte Dekerf du groupe Accor Hotels est encourageant dans le sens où certains grands groupes veulent aller encore plus loin en incluant d’autres services comme le marketing ou les ressources humaines sur l’importance et la compréhension de collaborer avec ou comme des start-ups.
V : De tous les chiffres présentés dans le baromètre 2018, quel est celui qui vous a le plus interpellé ?
MD : La perception que les start-up admettent qu’elles comprennent mieux les grands groupes. Ce progrès de 50 % sur la relation équilibrée m’interpelle. On vient tout de même d’une période pendant laquelle le fossé entre start-up et grand groupe était presque caricatural dans le fait qu’il y avait un déséquilibre phénoménal entre les objectifs du groupe, et la manière dont il traitait la relation avec la start-up.
FM : Aujourd’hui plus qu’hier, les grands groupes trouvent le temps long dans l’exécution. Le passage du « poc » (proof of concept) à l’industrialisation génère énormément de frustration. C’est à la fois positif puisque les efforts consentis portent leurs fruits, et en même temps ça a généré énormément d’attente en interne, tous ces grands groupes en envie d’aller encore plus vite sur les phases suivantes.
V : Plus de 150 start-up ont participé, deux fois moins côté grands groupes : Comment expliquer une participation beaucoup plus grande des start-up par rapport aux grands groupes ?
FM : On peut penser que plusieurs personnes issues du même grand groupe ont répondu au questionnaire.
MD : Le premier réflexe serait de me dire que dans des petites structures comme les start-up, les personnes se posent moins la question de répondre à ce type de questionnaire en demandant l’avis à quelqu’un avant de s’exprimer. N’oublions pas que dans le grand groupe, il y a toujours un peu plus de retenue. Il y a une forme de prudence dans les grands groupes pour représenter un avis. Les start-up y voient davantage une opportunité.
FM : Lors des relances auprès des grands groupes, certaines personnes se freinaient parce qu’elles pensaient qu’elles n’étaient pas suffisamment légitimes pour répondre et attendaient que la bonne personne s’en charge.
V : Est-ce que les indicateurs mesurés au Village corroborent les résultats de l’enquête ou les contredit ?
FM : J’ai le sentiment que depuis 4 ans, la maturité des relations entre les uns et les autres est révélée et assumée. Les chiffres montrent qu’il y a moins d’écart dans la perception que les uns et les autres ont. Ce qui m’amène à me dire que l’investissement dans cette nécessité de comprendre comment fonctionne l’autre commence à se diffuser. La prochaine étape c’est maintenant de se demander comment on va réussir à industrialiser ce que nous avons co-construit.
MD : On regardait toujours à travers ce prisme d’aller regarder en quoi les grands groupes ont évolué grâce aux start-up. Je trouvais intéressant l’idée de dire que l’effet s’inverse aussi, et que les grands groupes apprennent aussi aux start-up à travailler comme des grands. Cet angle-là est très prometteur pour notre économie.